Château emblématique sous Louis XIII, l’ensemble de Balleroy continue de fasciner. Œuvre de François Mansart, cette demeure aux proportions soignées annonce déjà la grandeur des réalisations à venir sous le Roi Soleil.
Le fief de Balleroy à l’aube du XVIIe siècle
1600. Jean de Choisy, fils d’un marchand de vin, travaille comme secrétaire des finances de la généralité de Caen. Sa fortune lui permet de faire l’acquisition du fief de Balleroy. En 1625, son fils Jean II de Choisy y commence la construction du château. Trois ans plus tard, il demande la main d’une des précieuses du palais du Luxembourg : Jeanne-Olympe Hurault de Bellesbat. Sous la protection de Gaston de France, frère du roi, le couple montre son influence à travers son château. Héritier du trône, Gaston de France est assigné à résidence pour avoir participé aux événements de la Fronde. Pour magnifier le château de Balleroy, le talent de François Mansart est requis. Précurseur du classicisme, l’architecte apporte sa signature à Balleroy. D’après Charles Perrault, qui officie alors comme contrôleur général de la Surintendance des bâtiments du roi, il s’agit là de la première grosse commande de Mansart.
Un château majestueux en campagne caennaise
Le château de Balleroy se dresse comme un décor de théâtre. Construit en pierre de Caen, il impose sa silhouette classique entre un parc et des douves. Au-dessus de ces douves, un point relie l’avant-cour à une grande esplanade et la belle terrasse du château. En tout, l’ensemble architectural est constitué de trois pavillons aux toits d’ardoise. L’escalier central
de la demeure se trouve dans le pavillon du milieu. Les étages sont une succession de salons et d’appartements décorés dans un style opulent qui reflète la richesse de ses propriétaires. Les tendances politiques du couple transparaissent clairement dans le choix des portraits mis en avant. Ainsi, Gaston d’Orléans occupe une place privilégiée dans le grand salon d’apparat, à côté du Char du Soleil peint sur le plafond. Les portraits des rois Louis XIII et Louis XIV doivent quant à eux se contenter des panneaux latéraux. Au rez-de-chaussée, dans le cabinet de la grande salle, c’est une toilé signé Claude Vignon qui donne tout son prestige à la pièce. Les boiseries de l’époque ont pu être conservées jusqu’aujourd’hui.
L’abbé de Choisy au château de Balleroy
Lorsque Jean-Paul de Choisy meurt sans descendant en 1697, c’est son frère, l’abbé de Choisy, qui devient propriétaire du domaine. Suite à un voyage spirituel à Rome qui lui ouvre les portes de la foi et de l’écriture, l’abbé commence à vivre sans compter. Rapidement, il est rattrapé par les dettes. À peine trois ans après avoir hérité du château, il est contraint de s’en séparer. Il le revend à la princesse d’Harcourt. Mais en tant que conseiller d’Etat, le cousin de l’abbé Choisy annulera purement et simplement la vente un an plus tard, invoquant son droit de retrait lignager. La propriété restera entre les mains de la famille Choisy.
Balleroy depuis le XVIIIe siècle
Au XVIIIe siècle, Balleroy devient un marquisat. Suite aux événements de l’après-révolution, le château retourne dans la famille Choisy en 1827. Albert de Balleroy, illustre propriétaire du site dans la seconde partie du XIXe siècle et peintre reconnu, côtoiera le talent de Manet. En pleine période romantique, le château est remis au goût de son époque. En 1970, la demeure quitte une nouvelle fois la famille. Après avoir appartenu vingt ans à l’Américain Malcolm S. Forbes, le château est désormais géré par une fondation.