Surplombant le Doubs, le Fort de Joux est doté de cinq enceintes. Pris entre les frontières et les conflits sans fin, la forteresse a résisté aux épreuves du temps. Vauban et Joffre, figures militaires remarquables de leur époque, contribueront à renforcer les défenses de ce fort stratégique.
Fort de Joux, forteresse imprenable du Jura
Sur le site du Fort de Joux se trouvait déjà une première forteresse au XIe siècle. À 1.000 mètres au-dessus du fleuve, la vue depuis le bâtiment était imprenable pour surveiller la route commerciale. À proximité de la Suisse et l’Italie, la région voyait transiter de grandes quantités de sel. Aujourd’hui, seule la tour Grammont subsiste de cette première fortification. Au XIIe siècle, l’empereur germanique Frédéric Ier Barberousse contrôle le duché.
Un fort au cœur des luttes de pouvoir
En 1384, la comtesse de Flandre Marguerite épouse Philippe le Hardi, alors duc de Bourgogne. À la fin du XIVe siècle, les comtes de Neuchâtel font l’acquisition du domaine. Au milieu du XVe siècle, Philippe III, dit Philippe le Bon, achète le fort. Intéressé par la position stratégique de la forteresse non loin de la Suisse, il veut renforcer la défense des frontières de son royaume. Au cours du règne de Louis XI, Français et Bourguignons s’affrontent sans merci pour prendre possession du duché. Deux tours sont ajoutées à la forteresse pour plus de protection. Lorsque Charles le Téméraire meurt en 1477, la Bourgogne est transférée à Louis XI. Rattaché à la Couronne, le territoire du Fort de Joux prend alors un nom qu’il a conservé jusqu’à aujourd’hui : la Franche-Comté. Les affrontements ne cessent pas pour autant et opposent la France à l’Espagne.
Une forteresse moderne
En 1678, Louis XIV conquiert le domaine. Le marquis de Violaine est chargé par Vauban d’agrandir et de moderniser la forteresse. Une cinquième enceinte avec logements de service ainsi qu’une chapelle sont ainsi édifiées. Un puits de 187 mètres de profondeur, véritable prouesse technique pour l’époque, est également construit. Réputée imprenable, la forteresse dispose déjà de tous les éléments pour devenir une prison. L’écrivain Mirabeau y sera enfermé en 1775. C’est son père lui-même, inquiet des idées révolutionnaires de son fils pourtant noble, qui demande sa détention.
Un fort reconverti en prison
Né à Saint-Dominique, l’esclave affranchi Toussaint Louverture connaîtra une triste fin entre les murs du Fort de Joux, reconverti en geôle. Lorsque la Révolution française éclate, l’homme aux idées indépendantistes mène la lutte dans les Caraïbes. En 1794, l’esclavage est aboli. Mais Napoléon ne tarde pas à le rétablir. Il fait emprisonner Louverture qui ne résistera pas à son premier hiver au Fort de Joux. Un buste lui rend aujourd’hui hommage dans la forteresse.
Le Fort de Joux de Napoléon à la Seconde Guerre mondiale
En 1814, l’Autriche s’empare de cette forteresse stratégique. Au fil du XIXe siècle, de nombreux travaux sont menés pour solidifier les défenses et empêcher les prises à répétition du fort. À la fin du XIXe siècle, Joseph Joffre, qui n’est pas encore décoré du titre de maréchal, participe à l’effort de restauration. C’est lui qui pense à mettre au point un réseau de défenses souterraines pour mieux surprendre l’ennemi. L’escalier en colimaçon de plus de 200 marches est également bâti à son initiative. Au cours de la Seconde Guerre Mondiale, le fort connaît une nouvelle utilité en devenant l’un des grands centres de la résistance française.
