Il faut se rendre dans une cour intérieure du quartier lyonnais de la Croix-Rousse pour tomber nez à nez avec une merveille secrète. Le jardin Rosa Mir est étonnant, de par sa structure mélangeant plantes et pierres. Partons sur les traces inspirantes du maître maçon Jules Senis !
Un secret lyonnais bien gardé
Peu nombreux sont les touristes à connaître le jardin Rosa Mir à Lyon. En réalité, bon nombre de Lyonnais ignorent eux-mêmes l’existence de ce site. L’endroit occupe une surface généreuse de 400 m². On peut y découvrir avec plaisir une succession de colonnades avec leurs ornements de pierres et de coquillages. Le style naïf du site n’est pas sans rappeler le Palais Idéal du Facteur Cheval. Il partage aussi le même contexte de construction, où quand un seul homme suit ses rêves pour construire quelque chose de tout à fait original.
Le rêve incarné de Jules Senis
Jules Senis est un artisan maçon inspiré. Il naît en 1913 en Espagne. Il se forme à l’école du compagnonnage et fuit la dictature de son pays d’origine pour s’installer en France. C’est en 1947 qu’il traverse la frontière pour se réfugier dans l’Hexagone. Il s’installe à Lyon avec sa famille, une femme et deux enfants. Cinq ans après le début de son expatriation, le maçon tombe malheureusement malade. Son hospitalisation est lourde et l’immobilise pendant trois ans au total. Du temps, Jules Senis en a alors qu’il se perd dans ses pensées sur son lit d’hôpital. Les pensées sont nombreuses et il songe alors à édifier un jardin extraordinaire. Il veut en faire un hommage à la vie, à la Vierge Marie, mais aussi à sa mère, Rosa Mir. Le nom du jardin est déjà trouvé. La promesse est réalisée en 1957 lorsque le maçon commence son projet. Le chantier lui demandera vingt ans d’efforts et de travaux. Quelques années après sa mort, le site est classé aux titres des monuments historiques. Il porte même le label patrimoine du XXe siècle.
Cheval, Gaudi et autres symboliques
En pénétrant dans le jardin Rosa Mir, on est surpris par l’omniprésence des pierres et des plantes. Les coquillages se succèdent dans différents styles : des coquilles Saint-Jacques, des palourdes et des huîtres. Du côté de la végétation, ce sont les plantes méditerranéennes qui sont à l’honneur. Les floraisons changent au fil des saisons. Pour son architecture, si Jules Senis rappelle les ambitions du Facteur Cheval, il s’est surtout inspiré directement de Gaudi. La colonne en tuf qui se dresse au milieu du jardin en est la preuve. Un beau rappel à la Sagrada Familia de Barcelone ! En mal d’exotisme, n’oubliez donc pas de vous perdre dans les dédales de colonnes et de plantes du jardin Rosa Mir. Entre la culture française et la culture espagnole, le jardin Rosa Mir est au croisement des mondes, notamment du monde naturel et culturel. Un secret bien gardé que Lyon compte bien garder jalousement à l’avenir !