Sur les rives de la Vienne, le château de Touffou évoque l’héritage médiéval de l’Aquitaine. Remis au goût de la Renaissance grâce aux investissements de la Rocheposay, le domaine traverse les siècles et les guerres sans faillir. Acquis par Ogilvy, riche publicitaire anglais, au XXe siècle, Touffou n’a pas fini la trajectoire de son histoire.
Touffou pris entre les batailles
Affaibli par son voyage en Sicile, Ermenon de Touffou tombe gravement malade en 1268. Il transmet la propriété de son domaine à Guy Ier de Montléon, son fils aîné. Comme la majeure partie des forteresses de l’Aquitaine de l’époque, Touffou prend la forme d’un donjon rectangulaire. À l’origine, le château est surmonté de deux grandes tours. Les ouvertures et les murailles épaisses de la forteresse sont spécialement pensées pour résister à toute tentative d’invasion ennemie. Les troupes françaises et anglaises, prises dans des batailles incessantes, menacent régulièrement la prospérité du domaine de Touffou. En 1152, le mariage d’Aliénor d’Aquitaine avec Henri II ouvre de nouvelles perspectives au royaume d’Angleterre. Avec la signature du traité de Paris, un siècle plus tard, les espoirs de paix renaissent. Mais Louis IX veut faire du roi d’Angleterre le vassal de son royaume. La guerre de Cent Ans éclate, un conflit meurtrier qui durera de 1337 à 1453 et auquel Touffou a su résister.
Touffou remis au goût de la Renaissance
Les successeurs de Guy Ier de Montléon s’endettent de plus en plus. En 1567, le seigneur de la Rocheposay permet de rénover le château en épousant une fille de la famille. Connu pour son engagement militaire et politique auprès de François Ier, le seigneur dispose d’une grande fortune. Le domaine doit être modernisé et agrandi pour correspondre aux codes contemporains de la Renaissance. La Tour Saint-George et la Tour de l’Hôtellerie sont toutes deux bâties à cette époque. Le donjon qui date du XIIe siècle a déjà été remis au goût du jour et sert désormais de logement. Le château perd peu à peu ses caractéristiques de défense, qui n’ont plus lieu d’être. Il devient le signe de l’opulence et de l’influence de ses propriétaires. La Tour Saint-Jean abrite une salle de peintures.
Touffou au fil du temps
Le château traverse la période de la Révolution sans dommages et reste entre les mains des Chasteigner jusqu’en 1821. Il est ensuite cédé aux Greaulme. Après une succession de divers propriétaires, c’est la famille Vergie qui fait l’acquisition du château de Touffou. Réputés pour leur style de vie très mondain, les nouveaux propriétaires du domaine entament une grande campagne de restauration du monument. Le Britannique David Ogilvy, fondateur de l’agence publicitaire du même nom, se montre intéressé par le château. Il s’y établit en 1964 avec sa femme et y entreprend à son tour des travaux. Le chantier des jardins commence en 1966. On y trouve une roseraie, un jardin de lavande et un jardin d’artichauts. Le paysagiste Paolo Pejrone y contribue grandement. Lorsque l’homme d’affaires anglais décède en 1999, sa femme poursuit leur engagement commun pour Touffou.
L’humanisme à Touffou
L’érudit français d’origine italienne Joseph Juste Scaliger fut accueilli à Touffou par son maître, Jean de Chasteigner. Engagé comme précepteur pour le fils de la famille, Scaliger est également réputé comme historien et traducteur. Ses travaux ont notamment permis d’exploiter la numismatique en recherche historique. La correspondance qu’il a laissé témoigne aujourd’hui des goûts et du mode de vie des humanistes dans l’Europe du XVIe siècle.