Magnifique château de Lorraine, le domaine de Haroué réunit tous les talents artisanaux et architecturaux de la cour de Nancy au XVIIIe siècle. Du marquis de Haroué au duc Léopold et au roi Stanislas, le château de Haroué a traversé les âges avec grandeur.
Un château pour le marquis
En 1579, François de Bassompierre naît au château d’Haroué. Au siècle suivant, il ne reste plus rien de la somptueuse demeure, détruite au cours de la Guerre de Trente Ans. En 1729, Marc de Beauvau décide de reconstruire un château sur le domaine. Le duc Léopold, pour lequel il fut grand écuyer, lui avait accordé le titre de marquis. Une façon peut-être de tolérer les aventures de l’épouse du marquis, Anne Marguerite de Lignéville, avec le duc. En 1722, le marquis devient prince de Craon et du Saint-Empire sur la décision de l’empereur Charles VI.
Styles médiéval, néoclassique et rococo dans un même château
Germain Boffrand bâtit le nouvel édifice sur les fondations d’un vieux château-fort. Avec ses quatre tours, ses douves et ses ponts, le château s’inscrit dans une logique architecturale propre au Moyen-Âge. Dans un autre style, les deux ailes accolées au bâtiment principal expriment un goût néoclassique. Les toits à la Mansart de la demeure reflètent le style en vogue à l’époque. Contrastant fortement avec la sobriété de la façade, le style rococo de l’intérieur du château ne s’épargne aucun accès. Les plus grands artistes lorrains sont engagés pour magnifier l’ensemble. La plupart d’entre eux ont déjà travaillé pour le duc Léopold et mettront bientôt leur savoir-faire au service du roi Stanislas. Lambris, boiseries et chinoiseries mettent en avant des motifs délicats dignes des plus beaux palais royaux. Les formes et les courbes des pièces et plafonds sont un choix audacieux censé exprimer la grandeur de la Lorraine.
Un palais à la campagne
Lorsque François III quitte la Lorraine pour devenir François Ier, Empereur du Saint-Empire romain germanique, le château de Haroué est peu à peu laissé à l’abandon. En 1738, Stanislas Leszczynski, duc de Lorraine et ancien Roi de Pologne, arrive à Nancy pour faire rayonner la ville. Charles-Juste de Beauvau, nouveau propriétaire princier du domaine, n’habite cependant pas au château. Après la Révolution française, le nouveau prince de Beauvau renoue avec les traditions en élisant domicile à Haroué. Il y meurt en 1864. C’est ensuite la princesse de Craon, fille d’une amie proche de Louis XVIII, qui s’y installe. Le château de Saint-Ouen, qui appartient déjà à la famille, sert de modèle pour décorer Haroué. Une partie des meubles y sont d’ailleurs transférés.
La renaissance du château de Haroué au XXe siècle
En 1920, Charles-Louis de Beauvau-Craon, nouveau propriétaire du domaine, entreprend une restauration du château. L’écrivain Maurice Barrès y séjournera peu avant sa mort. Après la Deuxième Guerre mondiale, le paysagiste franco-cubain Emilio Terry est chargé de dessiner les parterres dans les belles traditions du jardin à la française.
Les princes de Craon à Haroué
Jean Lamour, prestigieux ferronnier lorrain du XVIIe siècle, est le créateur de la magnifique grille qui garde l’entrée du château. Elle s’ouvre sur un pont dont les sculptures sont l’œuvre de Guibal, par ailleurs concepteur des fontaines de la grandiose place Stanislas de Nancy. Une fois à l’intérieur de la cour, les visiteurs peuvent admirer une façade à l’effigie des armes des princes de Craon.