Bonaguil compte parmi les derniers châteaux forts construits dans le royaume de France. Véritable construction médiévale au temps de la Renaissance, Bonaguil se joue des codes et des attentes. Il préfère surprendre et rester fidèle à l’architecture du passé. La Révolution française lui réservera d’ailleurs d’autres surprises.
Aux origines d’un des derniers châteaux forts du royaume
Le premier château de Bonaguil est bâti par des chevaliers au XIIe siècle. En 1380, la Guerre de Cent Ans fait rage. Le propriétaire de Bonaguil, littéralement la « bonne aiguille », épouse Catherine de Roquefeuil, qui possède déjà pas moins de 18 châteaux. En 1482, leur petit-fils entreprend un agrandissement du domaine. Le donjon adopte un style propice à la défense du château. La cour fermée épouse les formes capricieuses du terrain accidenté.
La folie des grandeurs de Bérenger
Depuis trente ans déjà, une paix imperturbable règne à Bonaguil. Bérenger, successeur de Jean de Roquefeuil, a plein de projets en tête pour son château. Il décide d’abord de doubler la superficie et de renforcer les défenses du domaine. Alors que le style Renaissance se diffuse dans le royaume, le maître du château de Bonaguil persiste dans le style médiéval. Des tours sont érigées, de forme circulaire et rectangulaire. Les créneaux, les pont-levis et l’enceinte du site continuent de diffuser l’image du château fort typique du Moyen-Âge, tel que le rêve encore Bérenger. Avec sa centaine de canonnières, Bonaguil fait montre d’une certaine innovation pour contrer l’artillerie moderne. Quatre-vingts mètres de chemin de ronde viennent conclure un tableau médiéval exemplaire. Le chantier de Bérenger aura nécessité quatre longues décennies d’investissement.
Bonaguil, un château sans utilité militaire
Bonaguil a beau prendre l’allure d’un château fort, sous ses airs de forteresse imprenable, son intérêt stratégique n’a quasi aucun intérêt. Le domaine ne tremble pas devant les guerres de Religion, qui l’ignorent tout simplement. Même indifférence avec les soulèvements de la Fronde. En 1530, Bérenger meurt et est enterré sous une dalle de la chapelle. Le château n’est alors rien d’autre qu’une résidence privée au style très féodal. En 1761, la propriété passe entre les mains des Fumel, déjà propriétaires d’un domaine voisin. Marguerite de Fumel s’établit au château jusqu’en 1788, année de sa mort. Sous son impulsion, certaines pièces du château de Bonaguil sont modernisées. Elle fait aménager des jardins à la française autour du domaine. Les ponts-levis de la propriété, passés de mode depuis longtemps, sont remplacés par des ponts dormants.
Le sauvetage de Bonaguil
La Révolution française voit la confiscation du château de Bonaguil. Il sera destiné à être démantelé. Des planchers aux toitures en passant par les portes, tout est arraché. En 1799, Jean-Antoine Troupel-Lagrave fait l’acquisition du domaine pour la somme de 200 francs. C’est ensuite la commune de Fumel qui rachète le château en 1860. En 1862, le domaine est reconnu Monument Historique. Depuis, plusieurs campagnes de restauration et de modernisation ont permis de rétablir la beauté d’antan du château. Le site est désormais ouvert aux visiteurs.
Lawrence d’Arabie à Bonaguil
L’archéologue Thomas Edward Lawrence, qui sera plus tard connu comme Lawrence d’Arabie, fut subjugué par la beauté singulière de Bonaguil. Au début du XXe siècle, l’officier britannique entreprend une traversée de la France à vélo sur 4 000 km. Son périple le fait passer par les chemins médiévaux du pays, dont Bonaguil. En 1908, sa route croise celle du château qui ne manque pas d’inspirer l’écrivain.