Imposant pentagone reconnaissable à ses tours, Saint-Fargeau a connu des périodes de troubles. Luttes de pouvoir et incendie font partie de son histoire.
Saint-Fargeau au Moyen-Âge
Au Moyen-Âge, Saint-Fargeau n’est qu’un rendez-vous de chasse. En 1255, la maison de Bar hérite du domaine et le conserve jusqu’en 1430. La maison de Montferrat devient alors propriétaire des lieux. En 1450, Jacques Cœur reprend la seigneurie. Un an plus tard, le nouveau maître de Saint-Fargeau est accusé d’avoir empoisonné Agnès Sorel, la favorite du roi. En réalité, il s’agit d’un complet pour attaquer un homme très riche et peu apprécié.
Une transformation au style Renaissance
Le domaine est confisqué à Jacques Cœur. Le seigneur s’enfuit et meurt en exil. Le château tel qu’on le connaît aujourd’hui est l’œuvre d’Antoine de Chabannes, son héritier. Les travaux commencent en 1467. Les fondations de l’ancien château sont utilisées pour ériger le nouveau pentagone. Les courtines sont dotées de six tours. En 1541, Saint-Fargeau devient un comté et la propriété est transférée à Nicolas d’Anjou. Celui-ci veut rompre avec la tradition du château fort. Il imagine plutôt une demeure style Renaissance. En 1566, François de Bourbon devient le nouveau propriétaire. Sa petite-fille s’unit à Gaston d’Orléans, frère de Louis XIII. Leur fille, Anne-Marie-Louise d’Orléans, dite la Grande Demoiselle, se rapproche de la Cour. Mais son caractère a tôt fait de la discréditer auprès du roi, son propre cousin.
Le Vau à Saint-Fargeau
En 1652, Louis XIV est agacé par les tendances frondeuses de sa cousine. Il l’installe au château de Saint-Fargeau. En l’espace de trois ans, de 1654 à 1657, le château est modernisé. L’illustre architecte François Le Vau est choisi pour diriger les travaux. Il fait remanier les façades. La rotonde est utilisée comme vestibule. Trois arcades viennent desservir la chapelle, la salle des Gardes et les appartements. Les tours sont conservées et pourvues de lanternons. Il fait aménager un parc à la française ainsi qu’une cour d’honneur. En 1657, la duchesse retourne à la Cour du roi. Mais de nouveau disgraciée, elle revient à Saint-Fargeau cinq ans plus tard. En 1715, le château est vendu à Michel Le Peletier des Forts. C’est lui qui fait édifier l’aile qui porte son nom : l’aile des Forts.
Le seigneur de Saint-Fargeau rejoint la Révolution
En 1752, la ville est en proie aux flammes. L’incendie se propage jusqu’au château. Les trois quarts du domaine sont ravagés. Les appartements de la duchesse disparaissent intégralement. Peu avant la Révolution, Louis-Michel Le Peletier de Saint-Fargeau est propriétaire du domaine. Il est élu député de la noblesse aux États généraux en 1789. Peu après, il change de camp et rallie la cause des révolutionnaires. Le noble propriétaire est prêt à renoncer à ses privilèges pour la nation. En 1791, il est élu président des Jacobins. Deux ans plus tard, il vote la mort de Louis XVI. Un ancien garde du corps du roi se venge et assassine celui qu’il considère comme un traître. Le roi est guillotiné le lendemain.
Saint-Fargeau au lendemain de la Révolution
Erigé en martyr, le corps du propriétaire de Saint-Fargeau est porté au Panthéon. Sa fille hérite du domaine. En 1809, un parc à l’anglaise est aménagé. C’est ensuite la famille maternelle du futur écrivain Jean d’Ormesson qui s’établit au château. En 1974, l’homme de lettres évoque la demeure dans son roman Au plaisir de Dieu. Depuis, Monsieur et Madame Michel Guyot ont mené une longue campagne de restauration sur trois décennies.
