En Bourgogne, le château de Tanlay est reconnaissable à ses façades blanches qui se reflètent dans les douves. Symbole de la lutte protestante au XVIe siècle, le domaine est indissociable de l’histoire des guerres de religion.
Au temps des premiers seigneurs de Tanlay
La forteresse de Tanlay remonte au XIVe siècle. L’Histoire n’a conservé aucune trace de la description du site de l’époque. On imagine que la forteresse devait ressembler à un château féodal classique et servir des objectifs de défense. Quant aux plans du sol, ils devaient ressembler de près ou de loin au château actuel, qui commence à prendre la forme qu’on lui connaît à partir du XVIe siècle.
Le château de Tanlay sous la famille Coligny
En 1535, Louise de Montmorency fait l’acquisition du château. Elle le cède à son fils peu après, François d’Andelot. Celui-ci est fait prisonnier par les Espagnols en 1556. Dans sa geôle, il prend goût aux idées nouvelles et contestées de Calvin. Lorsqu’il revient en France, il est devenu protestant convaincu et ne tarde pas à convertir ses deux frères aînés. En 1559, le nouveau maître de Tanlay commence des travaux de rénovation au château. Il fait bâtir le Petit Château, le pavillon d’entrée. L’accès au Grand Château se fait par un pont dominé par deux obélisques. Les tours des Archives et de La Ligue datent de cette époque. Au deuxième étage de cette deuxième tour, des réunions religieuses secrètes étaient tenues. Louis Ier de Condé, grand chef protestant du XVIe siècle, y était notamment convié. La décoration même du château, où l’on trouve les visages déguisés de Catherine de Médicis et du duc de Guise, exprime le mépris de la Réforme pour la Cour catholique.
Une longue série de travaux
François d’Andelot meurt en 1569 au cours de la bataille de Jarnac. Il avait rejoint les rangs des protestants pour se battre contre le duc d’Anjou, et futur roi François III. Cinq ans plus tard, sa fille épouse le duc de Mirebeau. Le nouveau propriétaire reprend les plans laissés en suspens et relance le chantier. En 1642, Michel Particelli, conseiller de Richelieu, achète le château. La galerie d’apparat, qui date de cette époque, est l’œuvre du peintre Rémy Vuibert. Elle est ornée de peintures en trompe-l’œil dans le respect de l’art florentin. En 1761, un incendie l’endommagera en partie. Pour magnifier sa nouvelle demeure, Michel Particelli, qui fut ambassadeur de France à Turin et qui connaît bien la Cour du royaume de France sait déjà à quel architecte il doit faire appel.
L’architecte du roi à Tanlay
Au XVIIe siècle, Pierre Le Muet est l’architecte du roi. Mandaté au château de Tanlay, il y construit une grande cour intérieure. En 1648, le corps principal est achevé. Un soin tout particulier est apporté à la symétrie du bâtiment. C’est également Le Muet qui fait construire des écuries au style royal, avec un fronton sculpté. Il dessine et organise les jardins autour d’un canal. Ce grand canal sillonne le parc de 40 hectares à la manière d’un serpent pour finir sa course aquatique en plongeant dans les douves. En 1704, Jean Thévenin devient le nouveau propriétaire du château. Depuis, c’est la famille de La Chauvinière, dont il est l’ancêtre, qui a hérité du domaine.