Sur un promontoire en campagne, le château de Goulaine a été l’un des plus grands bâtiments défensifs de Bretagne. Symbole du gothique tardif et de la première Renaissance, il est indissociable de l’histoire, médiévale comme récente, de la famille de Goulaine.
Un château au service de la Bretagne
Avant l’an mille, il existait déjà une structure de défense là où se trouve aujourd’hui le château de Goulaine. À l’époque, il était essentiel de défendre le territoire breton des risques d’attaques et d’invasions des Normands. De cette construction primitive, il ne reste rien d’autre que les caves voûtées et le soubassement de la tour des Archives.
Goulaine, emblème du gothique breton
À la fin du XVe siècle, Christophe Ier de Goulaine commence à bâtir un nouveau château sur le domaine. Son fils reprendra le chantier qu’il achèvera en 1520. Comme pour le château de Nantes, le château de Goulaine exprime alors un style gothique breton. Entouré de douves, le bâtiment est surmonté de deux grandes tours. Lorsque la Bretagne est rattachée à la France, la fonction de défense du château perd de son sens. Le style défensif de la façade revêt alors un caractère purement esthétique.
Le château de Goulaine du XVIIe siècle à nos jours
En 1630, le domaine est agrandi et accueille deux nouvelles ailes pour la chapelle et les communs. En 1661, Louis XIV est reçu au château. Le bâtiment est constitué de quatre salons, aussi richement ornés les uns que les autres. À la fin du XVIIIe siècle, le baron Pierre Jean dit Piter Deurbrouck achète la propriété. Alors que les troupes révolutionnaires s’opposent aux partisans royalistes de Vendée en pleine période de troubles politiques, le baron parvient à défendre son château. En 1858, la famille de Goulaine reprend la propriété du domaine. Pendant une bonne partie du XXe siècle, la demeure sera indissociable de la personnalité de Robert de Goulaine, écrivain et homme politique. Les vignes du domaine sont exploitées pour produire un muscadet particulièrement réputé. Amateur d’art et de collections, le marquis commence à rassembler des spécimens de papillons exotiques dans les années 1980. Il installe sa collection dans la volière du château. Là, parmi les plantes rares originaires de l’autre bout de la planète, les papillons volent en toute liberté. À la fin des années 1990, il reconvertit les anciennes écuries en galerie d’exposition publicitaire. Décédé en 2010, il laisse son héritage à ses fils.
L’honneur de Yolande
Au cours de la Guerre de Cent Ans, Yolande, fille du seigneur propriétaire du château, a fait preuve d’un héroïsme remarquable. Lorsque les Anglais s’approchent du château, elle s’y trouve seule avec la garnison. Cette dernière tente de résister plusieurs jours. Mais elle finit par vouloir se rendre à l’ennemi. Folle de rage, Yolande refuse cet affront et veut lutter jusqu’au bout. Elle préfère se poignarder que voir la garnison se livrer aux Anglais. Pris de honte, les soldats continuent la lutte. Finalement, le seigneur revient sur son domaine et parvient à faire fuir les Anglais. La légende raconte qu’il aurait honoré le courage de sa fille en la faisant chevalier. Aujourd’hui, au-dessus de la tour Yolande, cet épisode historique est encore conté avec la représentation d’une jeune fille le poignard menaçant pointé sur son cœur.
