Le château de Roquetaillade aurait pu s’appeler les châteaux de Roquetaillade. Complètement ruiné, le vieux château ne laisse plus place qu’au château neuf de nos jours. À la fois château-fort et palais, Roquetaillade se laisse difficilement définir et étiqueter. Mélange de styles, de goûts et d’influences, il inspirera l’un des plus grands architectes du XIXe siècle : Viollet- Le-Duc, célèbre pour la flèche de la cathédrale Notre-Dame de Paris.
La nièce du pape se marie
Charlemagne évoque déjà la présence d’un château datant de l’époque romaine sur le site de Roquetaillade. Au XIIe siècle, la famille de La Motte commence à construire un petit château. Lorsque le fils de la famille épouse une nièce du pape Clément V, les La Motte gagnent rapidement en influence et en richesses. Plusieurs campagnes sont menées pour faire agrandir le domaine.
Un palais pour le cardinal Gaillard de La Motte
En 1316, Gaillard de La Motte devient cardinal. Il imagine sur ses terres un château qui lui servira également de palais. Ce sont les débuts du château de Roquetaillade, tel qu’il existe de nos jours. Face aux vieux châteaux, le château neuf sort de terre avec ses quatre tours. Surmontée de deux tours, l’entrée du domaine conduit à un sinistre donjon de 30 mètres de haut et cinq étages.
Une suite de successions
La famille de La Motte s’engage aux côtés des Anglais lors de la Guerre de Cent Ans. Ce choix vaudra de multiples assauts au château de Roquetaillade. Au XVIe siècle, la propriété du domaine est transférée à la famille de Lansac. Mis à mal par les guerres de Religion, le château a besoin d’être rénové. Des cheminées Renaissance viennent décorer l’intérieur pour le moderniser. La lumière pénètre mieux à l’intérieur du château grâce à de larges ouvertures réalisées dans les courtines. En 1789, la fille du marquis, Marie-Henriette, se marie. Mais elle divorcera rapidement, se sentant menacée par la Révolution française qui éclate. Elle meurt en 1852 et reste propriétaire du château jusqu’à cette date. Lorsque les Mauvesin héritent du château de Roquetaillade, ils font appel au meilleur architecte de l’époque : Viollet-Le-Duc. Sa mission consiste à moderniser le domaine.
Viollet-le-Duc à Roquetaillade
Au centre du donjon se trouve l’escalier à la lanterne, une réalisation de Viollet-le-Duc et de Duthoit. Ce grand escalier de pierre est pourvu d’une rampe au style gothique. Il est également orné de statues d’animaux. Des vitraux éclairent la cage d’escalier. Cette pièce maîtresse du château doit son surnom à sa lanterne de bronze de 350 kg, accrochée à la voûte. Viollet-le-Duc commence à prendre en charge les travaux de Roquetaillade en 1866. Retenu pour d’autres projets dans la capitale, il confie la suite du chantier à Edmond Duthoit. Le pont-levis est reconstruit. Des vitraux multicolores sont ajoutés à la structure. Les appartements sont dessinés par l’architecte, y compris le mobilier. Les travaux continuent avec la remise en œuvre du parc et des jardins lorsque l’Empire est aboli. En 1874, Duthoit reprend la restauration en totale autonomie. La décoration de la chapelle date de cette période. Véritable gouffre financier, le chantier doit cependant être suspendu. Aujourd’hui, des manifestations culturelles sont régulièrement organisées au sein du château. On y trouve aussi un musée du costume d’époque.