Dans la plaine du Neubourg, le château d’Harcourt siège au milieu de la forêt. Cette forteresse de Normandie date du Moyen-Âge. Elle a traversé les guerres jusqu’à nos jours et reste debout.
Un château fait de bois et de pierre
Au XIe siècle, Robert Ier d’Harcourt entreprend la construction d’un premier château. Celui qui dit descendre d’une lignée
de vikings choisit la terre et le bois pour un édifice plutôt primitif. La palissage censée protéger le château sur sa motte est elle aussi constituée en bois. Au siècle suivant, Robert II d’Harcourt voit les choses autrement. Il solidifie la structure avec de la pierre. Il se lance par ailleurs dans la construction d’un donjon carré. Dans la plaine du Neubourg, le château d’Harcourt est situé sur un passage stratégique qui mène tout droit à Rouen. Ces précautions architecturales et de matériaux sont donc loin d’être des détails, à une époque où les menaces de guerres sont permanentes. Au XIIIe siècle, lorsque la Normandie est rattachée au trône de France, les Harcourt s’engagent à servir leur royaume. Le roi Philippe III Le Hardi en personne sera reçu au château par Jean II d’Harcourt en 1272.
Harcourt pendant la guerre de Cent Ans
En pleine guerre de Cent Ans, les Harcourt revoient leur promesse faite à la Couronne. Charles le Mauvais et Edouard III, roi d’Angleterre, parviennent à rallier à leur cause certains membres de la famille normande. En 1356, Jean V d’Harcourt est décapité pour trahison. Le château est confisqué à la famille. Cependant, la sanction est de courte durée.
L’enceinte du château d’Harcourt
En 1360, Jean VI d’Harcourt récupère le domaine de son père. En tant que beau-frère du dauphin, qui deviendra bientôt Charles V, cette faveur lui est accordée. Redevenu propriétaire d’un lieu marqué par les batailles, il envisage la reconstruction du domaine. La structure du château n’a presque pas changé depuis le XIVe siècle. L’enceinte, encerclée de fossé, qui défend l’entrée de la forteresse est toujours bien visible de nos jours. Douze tours pourvues de meurtrières veillent à dissuader toute agression du domaine.
Harcourt à travers les siècles
Malgré les efforts engagés dans la défense, les Anglais s’emparent du château en 1419. Le roi de France ne le récupérera que trente ans plus tard. La même année, Jean VII d’Harcourt meurt et ses deux filles s’engagent dans une lutte pour l’héritage. La famille de Lorraine-Elbeuf deviendra propriétaire du domaine au siècle suivant. Avec le changement des rois et des styles d’architecture, le château adopte peu à peu l’élégance raffinée du classicisme. Les cheminées et les parquets du domaine ne sont pas sans rappeler le château du Roi Soleil, à plus modeste échelle. Mini Versailles en Normandie, il est restauré au début du XIXe siècle. En 1827, le château est légué à l’Académie d’agriculture de France. Depuis 2000, c’est le département de l’Eure qui en est propriétaire.
L’art de la défense
L’architecture du domaine d’Harcourt est une belle illustration de l’évolution des techniques de défense au Moyen-Âge. De forme ovale, les archères sur les tours sont élargies par rapport aux siècles précédents. Une mise à jour nécessaire pour pouvoir faire usage des armes à feu qui se généralisent aux XVe et XVIe siècles.