Érigé dans la continuité de la falaise, le Château de La Roche-Guyon est indissociable de l’héritage du siècle des Lumières. Son histoire commence bien avant et restera marquée par les épisodes récents du XXe siècle.
Le château de La Roche-Guyon au Moyen-âge
À la fin du Xe siècle, la résidence des seigneurs de La Roche prend la forme d’une habitation troglodyte creusée dans une falaise crayeuse qui surplombe la Seine. En 1185, un donjon est construit, posant les premières bases du château tel qu’il est connu aujourd’hui. Encerclé par une enceinte, ce donjon mène à un chemin de ronde, construction typique de l’époque médiévale.
XVe siècle, temps des changements
Il faut attendre le XIV siècle pour voir la construction d’un corps de logis. Une tour carrée est édifiée et les défenses sont renforcées. Mais pendant la Guerre de Cent Ans, le château ne résiste pas à l’attaque des Anglais. Guy VII de La Roche ne retrouve la propriété du domaine de ses ancêtres qu’en 1449. Lorsqu’il meurt onze ans plus tard, sa fille reprend possession du domaine. Leurs descendants feront réaménager l’ensemble du domaine en empruntant divers éléments au style en vogue au XVIe siècle : la Renaissance.
L’âge d’or de La Roche-Guyon
Le duc Roger du Plessis-Liancourt fera connaître ses plus belles heures à La Roche-Guyon. C’est lui qui fait construire une terrasse qui domine la vallée, au XVIIe siècle. En 1659, François VII de La Rochefoucauld, auteur des célèbres Maximes, devient propriétaire du site, par alliance avec son héritière. Au siècle suivant, de grandes écuries seront ajoutées au château. Elles ne sont pas sans rappeler, à leur échelle, la grandeur de celles de Chantilly. Un projet d’orangerie était également prévu mais il ne verra jamais le jour. Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, le style néo-classique s’impose jusque dans la construction du petit théâtre du château. La duchesse d’Anville survivra à la Révolution française qui épargnera étrangement le château, mis à part le démantèlement du sommet du château.
La Roche-Guyon de Victor Hugo aux bombardements allemands
Lorsque la duchesse meurt en 1797, c’est son petit-fils qui prend possession du château, le duc de Rohan. Son fils sera à son tour propriétaire du domaine et sera connu pour ses réceptions données en honneur des grands intellectuels du pays. Victor Hugo et Lamartine sont notamment invités à La Roche-Guyon. Le poète sera même inspiré par le château pour l’une de ses Méditations. En 1829, le duc revend son château à François de La Rochefoucauld. L’histoire se poursuit jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, lorsque les salles souterraines servent d’abri lors des bombardements allemands. Le maréchal Erwin Rommel en personne occupera le domaine. Largement dépouillé, le château a perdu une grande partie de son mobilier. Il appartient toujours à la famille La Rochefoucauld. Le Conseil Général du Val-d’Oise, qui est l’administrateur du site, a en charge l’animation du château.
Les tapisseries de la Manufacture des Gobelins
Des tapisseries de la Manufacture des Gobelins, datées de 1767 et 1769, sont exposées dans le pavillon d’Anville. Toujours intactes, elles ont conservé leur cadre en bois précieux et doré. C’est la duchesse d’Anville elle-même qui avait commandé ses tapisseries. Revendues en 1987, elles ont appartenu un certain temps à Karl Lagerfeld avant d’être rachetées par le Val-d’Oise. Elles ont ainsi pu retourner dans leur environnement d’origine.
