Maison forte dominant le méandre du Trieux, La Roche-Jagu est longtemps vouée à défendre les intérêts du duc de Bretagne. La propriété devient une résidence confortable à partir de la Renaissance. Les seigneurs sont remplacés par des fermiers.
Une forteresse sur un site stratégique
Au XIe siècle, une forteresse occupe les terres de La Roche-Jagu. L’emplacement est stratégique. Le duc de Bretagne souhaite protéger son lieu de résidence avec diverses forteresses. Il choisit des seigneurs dans lesquels il peut placer sa confiance. Construit en hauteur, le château a une vue plongeante sur la rivière. Au XIVe siècle, Catherine de Troguindy hérite du domaine. Très vite, le château est pris entre les feux de la guerre de succession de Bretagne. Catherine de Troguindy se retrouve veuve. Le château n’est plus qu’un champ de ruines. En 1405, Jean V, duc de Bretagne, lui donne l’autorisation de rebâtir une forteresse.
Le style très défensif de La Roche-Jagu
Plusieurs campagnes de travaux seront nécessaires. En 1418, lorsque Catherine de Troguindy décède, le chantier est alors loin d’être achevé. Vraisemblablement, il a duré jusqu’en 1466. Cette même année, Pierre Pléan, dont la père a reçu la propriété du domaine, est nommé lieutenant général du duc de Bretagne. La tour carrée de l’époque se base sur la structure d’origine de la forteresse primitive. Depuis, une tourelle circulaire ainsi qu’une chapelle ont été ajoutées. La façade étant particulièrement vulnérable aux attaques ennemies, elle prévoit plusieurs éléments défensifs. La salle de guet daterait ainsi de la fin du XVe siècle, tout comme le chemin de ronde.
La Roche-Jagu, résidence seigneuriale
De premier abord, on remarque aussitôt les fenêtres grillagées du rez-de-chaussée. Mais globalement, c’est une atmosphère conviviale et agréable qui se dégage de l’ensemble de la résidence. En témoigne notamment la galerie en bois qui veille à faciliter la circulation à l’intérieur du bâtiment. Le confort occupe une place de choix au domaine, entre l’escalier en vis, le décor des cheminées et des fenêtres et la belle tourelle de granite. Comme de nombreuses résidences féodales de l’époque, La Roche-Jagu opère un changement pour passer du style défensif médiéval au prestige seigneurial.
Le destin de La Roche-Jagu
En 1488, Pierre Pléan succombe à la bataille de Saint-Aubin-du-Cornier. La terre avait été érigée en baronnie un an plus tôt. La propriété est transférée à la famille d’Acigné en 1494. La famille conserve le domaine jusqu’au XVIIe siècle. Au cours des guerres de la Ligue, les troupes du duc de Mercoeur occupent les terres. Hébergeant une garnison royale, le site est peu endommagé par cet épisode historique. Lorsque la famille Du Plessis de Richelieu prend possession du château, ce sont les fermiers qui vivent sur les terres. Les seigneurs délaissent la résidence. Une tradition qui sera perpétuée par les propriétaires successifs de La Roche-Jagu. Le domaine est donc très peu modifié et rénové. À tel point qu’au XIXe siècle on y trouve toujours en grande partie les meubles d’origine. En 1930, le bâtiment fait l’objet d’une inscription aux Monuments Historiques. En 1958, le département en fait l’acquisition et entreprend une campagne de restauration. Aujourd’hui, le site est régulièrement choisi pour accueillir des manifestations culturelles.
Les souches de La Roche-Jagu
Le domaine de La Roche-Jagu dispose de dix-neuf souches pour dix-neuf foyers. Caractéristiques du style gothique flamant, ces souches sont seules, jumelées voire triplées. Décorées avec goût, elles sont typiques des manoirs de Bretagne. On trouve d’ailleurs des souches dans d’autres châteaux non loin, comme à Nantes, Loches ou encore Saumures.