Symbole de la fierté de la Bretagne, le château de Kerjean mêle les codes du Moyen-Âge au style Renaissance. Alors que la Bretagne est rattachée à la Couronne, le domaine cherche à rivaliser avec les plus beaux châteaux du royaume.
Le don du chanoine Hamon Barbier
On trouve au XVe siècle un petit manoir à Kerjean. En 1482, les propriétaires cèdent le domaine à Olivier Barbier. Le roi François Ier donne sa permission à Louis Barbier pour faire démolir l’ancien manoir. À la place, un château sera bâti. Les travaux débutent en 1537 et s’étalent sur un demi-siècle. Louis Barbier, fils de l’autre Louis Barbier, poursuivra les efforts de construction. Lorsque son oncle, le chanoine Hamon Barbier, meurt, il laisse une grande fortune au nouveau maître des lieux. Un don bienvenu pour faire ériger un château digne de ce nom en Bretagne.
Lorsque la féodalité s’invite au temps de la Renaissance
Le chantier du château de Kerjean se termine à l’aube du XVIe siècle. La demeure affirme un style Renaissance très appuyé et très en vogue à l’époque. Les propriétaires comptent ainsi montrer leur pouvoir et leur influence et espèrent rivaliser avec les plus belles architectures du royaume. Au rez-de-chaussée, un pavillon abrite une chapelle et une galerie à arcades. Rattachée depuis peu à la France, la Bretagne souhaite témoigner de son pouvoir. L’architecte, dont le nom n’a pas été conservé par l’histoire, a cependant marqué les lieux de certains styles archaïques. L’escalier est ainsi relégué à une tour au fond de la propriété. Les façades expriment un charme provincial très féodal, à une époque où le Moyen-Âge appartient déjà au passé. L’enceinte, avec ses quatre tours, ses douves et ses bastions, en est le plus bel exemple. Un peu comme ce château de Bretagne cherchait encore à dissuader des ennemis qui n’existent pourtant plus.
Kerjean, une histoire de successions et d’héritages
En 1617, René Barbier devient marquis de Kerjean. Marie de Parceveaux, son épouse, était connue pour être la dame d’honneur d’Anne d’Autriche. En 1710, un incendie ravage en partie le château. Le domaine est d’abord transmis aux Coatanscour puis aux Kersauson. En pleine Révolution française, la marquise de Coatanscour tente de résister aux assauts. Elle le paie de sa vie en 1794. Au XIXe siècle, le château passe de nouveau entre les mains de différents propriétaires. Il est d’abord cédé aux Brilhac, puis aux Forsanz avant d’être acquis par le Coëtgoureden. L’engouement pour ce château provincial sombre peu à peu. Le site est laissé à l’abandon. Gustave Flaubert, qui passe sur le domaine, fait état de sa stupeur en voyant l’état de la forteresse délabrée. En 1911, l’État reprend le château et en fait un musée consacré à l’art breton.
Le jardin majestueux de Kerjean
Le château de Kerjean était autrefois encerclé par un grand parc. Son aspect royal cherchait à rendre l’homme maître de la nature qui l’entoure. Le portail d’entrée du château menait à cinq avenues arborées de marronniers, de hêtres et de chênes. Il n’en reste qu’une seule de nos jours. Un étang, un labyrinthe et un bois faisaient même partie du domaine. En 2003, le parc a commencé à être reconstitué sur la base des archives du XVIIIe siècle. Un jardin de fleurs est sorti de terre, des bosquets ont été aménagés, mille hêtres ont été plantés.