Il a des airs de maison de campagne. Sous l’Ancien Régime, le château de Sceaux fut pourtant l’une des demeures les plus prisées autour de Paris. Propriété de Colbert puis du duc et de la duchesse du Maine, le domaine aura eu l’audace de défier Versailles.
Colbert veut un château
À la fin du XVIe siècle, Sceaux n’est rien d’autre qu’une modeste maison de campagne. Ses propriétaires, les Baillet, sont des bourgeois parisiens. Ils cèdent leur demeure à des parlementaires, les Potier. La famille y fera construire un somptueux château. En 1670, Colbert fait l’acquisition du domaine. Le ministre de Louis XIV rêve alors de posséder son propre château, pas loin de la Cour du Roi. Il agrandit et transforme le domaine pour en faire le symbole de son pouvoir et de son influence. Claude Perrault, frère de Charles Perrault et architecte de l’aile est du Palais du Louvre, est mandaté pour ce projet d’envergure. Les plus grands artistes de l’époque sont sollicités pour décorer le château. Le peintre Charles Le Brun œuvre ainsi aux côtés du sculpteur François Girardon. Les plans du jardin sont confiés à nul autre que Le Nôtre. Le génie du paysagiste de Versailles fait surgir cascades et plans d’eau à l’extérieur du château. Les projets fous de Colbert iront jusqu’à faire creuser un Grand Canal d’une longueur d’un kilomètre. Ce dernier recevra des fêtes nautiques qui feront l’honneur et le prestige de son hôte.
Un petit royaume loin de Versailles
Colbert meurt en 1683. Son fils, marquis de Seignelay, hérite alors du château paternel. En 1685, une somptueuse réception est donnée pour Louis XIV. Encore plus passionné que son père, le nouveau propriétaire du château fait agrandir le parc. Criblé de dettes, le fils du Contrôleur général des finances est contraint de céder son domaine au duc et à la duchesse du Maine en 1700. Le couple décide de prendre ses distances avec Versailles, suite à une mésentente de la duchesse avec Madame de Maintenon. Elle y restera plus de cinquante ans. Voltaire viendra rendre visite à la duchesse dans sa nouvelle cour. Le tsar Pierre le Grand aussi. La duchesse meurt en 1753. Sans successeur, le comte d’Eu, qui hérite du domaine après les prince des Dombes, cède le château au roi. Celui-ci finira par le transmettre au duc de Penthièvre.
Le renouveau de Sceaux
Pillé pendant la Révolution française, le château de Sceaux est repris par un négociant à la fin du XVIIIe siècle. Il fera complètement raser la propriété et coupera jusqu’au dernier arbre pour ne garder aucune trace du noble passé. Au milieu du XIXe siècle, un nouveau château est construit sur le domaine. On veille à reproduire le style Louis XIII d’origine. En revanche, les proportions sont modestes et seul un tiers du château d’époque est bâti. Au début du XIXe siècle, tout le monde semble déjà avoir oublié le prestige de Sceaux. Fortement endommagé au cours de la Première Guerre mondiale, le château est repris par l’État français en 1923. Un musée y est inauguré en 1937.
Le Pavillon de l’Aurore, splendide et divin
Symbole des ambitions de Colbert, le Pavillon de l’Aurore est construit par Claude Perrault dans les années 1670. Ornée d’une coupole, la grande salle circulaire est décorée par la déesse Aurore sur son char, à laquelle le pavillon doit son nom.