Accessible depuis Levie, Carbini vaut assurément le détour. Ce petit village corse aux allures modestes cache une belle histoire et un patrimoine très riche.
Carbini, un clocher derrière les montagnes
Carbini a beau être un petit village de l’arrière-pays corse, son patrimoine n’en est pas moins remarquable. On y trouve trois bâtiments religieux, dont deux églises et un clocher – le plus remarquable de toute l’île, à n’en point douter. Autrefois, un baptistère venait compléter le paysage. Malheureusement, il a aujourd’hui disparu. Prosper Mérimée lui-même disait que Carbini était un site admirable. Là, derrière les montagnes, le village semble avoir trouvé le lieu idéal pour vivre tranquillement au fil des époques et des influences.
L’héritage de l’art roman pisan à Carbini
Carbini abrite le plus beau clocher de Corse. S’élevant sur 7 étages, il arbore un style architectural typique de l’art roman pisan. Point de repère du village, il rappelle un peu les campaniles de Toscane. On doit la construction de ce trésor architectural à Maestro Maternato. Au XIXe siècle, des travaux de restauration sont entrepris pour rénover les fenêtres de l’édifice. Un toit à quatre pans remplace depuis les créneaux d’origine. L’histoire de l’église romane Saint-Jean-Baptiste remonte au XIIe siècle. Un autre bâtiment religieux, l’église San Quilico, est aujourd’hui en ruines. Dans les villages environnants, d’autres églises romanes perpétuent l’héritage spirituel de la région.
Les secrets de la secte des Giovannali
Nous vous conseillons de faire la boucle à pied du Sentier d’interprétation des Giovannali, qui ne demande pas plus d’une heure et peu d’efforts physiques. L’itinéraire part de l’église de Carbini pour atteindre le rocher qui culmine en haut du village. En dix panneaux, vous aurez l’occasion de percer les secrets de la secte des Giovannali. Au XIVe siècle, l’évêque d’Aléria collecte l’impôt auprès de chaque piève. Mais ces franciscains s’y opposent. Dans une logique communiste précoce, ils se prononcent pour la distribution des terres aux paysans et l’égalité. Rapidement, ils rallient de nombreux sujets à leur cause. Rome les juge hérétiques et sectaires et les excommunient. Pourchassés et exterminés pour certains, ils connurent la torture et un traitement inhumain. Certains membres de cette secte finirent même brûlés au village de Ghisoni.
Visiter le musée de l’Alta Rocca à Levie
Juste à côté du village de Carbini, Levie est la capitale de l’Alta Rocca. Au bas du village, ne manquez pas le musée départemental de l’Alta Rocca. Il est reconnaissable à son édifice construit dans un style résolument contemporain qui tranche avec le reste. À l’intérieur, ce sont 10 000 ans d’histoire qui vous attendent. Apprenez-en plus sur les premiers groupes humains qui ont peuplé cette région de l’île. Toujours auréolé de mystère, le squelette de la Dame de Bonifacio remonterait à 7 500 avant J.-C. Cucuruzzu, village de l’âge de bronze, forgera le destin de l’île entière. Il fait partie d’un large réseau de villages fortifiés, appelés casteddi. Le musée relate aussi l’époque seigneuriale de la Corse médiévale.