Dénezé-sous-Doué est un petit village du Maine-et-Loire. En apparence, il a tout du petit village tranquille sans histoire. Sous la terre, se déroule pourtant une énigme qui n’a pas fini de fasciner et de faire parler d’elle. Bienvenue dans la cave aux sculptures !
Mystère sous la terre
À 40 kilomètres d’Angers, les caves de Dénezé-sous-Doué n’ont pas révélé tous leurs secrets. Au cours des guerres de religion, elles devaient servir de refuge. Il s’agit pourtant bien plus que des abris anti-bombes anachroniques. L’histoire s’exprime à travers des personnages historiques gravés dans la roche. C’est la cave aux sculptures. Une salle souterraine unique en France qui compte des personnages par centaines. La nature tendre et sableuse de la roche du site a permis de sculpter ces héros d’autrefois dont on ignore l’identité. Hommes et femmes se succèdent. Certains sont en costume. D’autres sont plus dénudés. Le message, lui, est teinté de mystère dans tous les cas. On ignore jusqu’à l’identité des sculpteurs.
1663 : l’énigme déterrée
En 1663, la cave aux sculptures est mise à jour pour la première fois suite à un affaissement de terrain. Même chose en 1740. Deux fois de suite, les prêtres font enfouir cette salle souterraine, pensant avoir affaire à un temple païen aux rites répréhensibles. Mais des siècles plus tard, on ne connaît toujours pas le fin mot de l’histoire. L’histoire récente des fouilles archéologiques du site remonte à 1956. L’hypothèse que l’on avance le plus souvent de nos jours, c’est qu’il s’agirait là d’une bande-dessinée médiévale. Ici, pas de super-héros ou de détective, mais des personnages satiriques qui témoignent des abus de leur époque. Des satires qui s’adressaient sûrement aux gouvernants, religieux et autres puissants. On n’en saura pas plus. Place à l’imagination. Mais surtout place au spectacle et à la contemplation. Car avant de se comprendre, la cave aux sculptures s’admire et s’apprécie !
Sculptures et caricatures gravées dans la roche
La théorie dominante veut que la série de personnages de la cave aux sculptures date du XVIe siècle. La frontière entre théorie et réalité est parfois mince, mais cette fois, elle est surtout floue. Ce qu’on peut dire aussi, c’est que certains personnages, loin d’être représentés à leur avantage, représentent des figures toujours bien connues de nos jours. À commencer par Catherine de Médicis, qu’on verrait dénudée jusqu’aux cuisses. À l’époque, alors que la caricature est lourdement punie, l’acte est aussi irresponsable que courageux. Diane de Poitiers pourrait en rire, mais il se dit qu’elle est également à l’affiche de cette drôle de galerie. La maîtresse du roi Henri II apparaît la poitrine dénudée. C’est dire ce que les espiègles sculpteurs pensaient des mœurs de leur époque ! Autant de caricatures grivoises qui mettent à mal le prestige de la cour en dévoilant les derniers potins. Une sorte de journal tenu secret où on rigole à visage caché des excentricités et des écarts des puissants. Eux continuent leur dérapage au sommet, pendant que les artistes rient sous terre. On tient peut-être les origines de la presse à scandale.