De loin, on devine déjà La Porta grâce à son campanile de 45 mètres de haut. La Porta, c’est la porte en corse. Celle de la Castagniccia, région sauvage autrefois desservie par des sentiers muletiers. La modernité ne s’est pas encore entièrement imposée dans ce village. Et ce qui le rend si attachant.
La Porta, des siècles d’histoire
À seulement une heure de Bastia, La Porta est un village tranquille. Il y a encore quelques siècles, sa région rurale était l’une des plus peuplées du continent. Au XVIIe siècle, lorsque la construction de l’église Saint-Jean-Baptiste commence (elle nécessitera plus de 60 ans), La Porta est un bourg riche et influent. L’opulence continue de flotter dans l’atmosphère du village de nos jours.
Le style rococo s’invite à La Porta
L’église Saint-Jean-Baptiste de La Porta affiche un style rococo qui n’a rien à envier aux plus beaux bâtiments religieux de la capitale autrichienne. C’est à un architecte lombard, Domenico Baïni, que l’on doit ce trésor. À l’intérieur de l’église, le tableau du retable de maître-autel est une représentation de La Décollation de saint Jean-Baptiste. L’orgue, qui date de 1780, veille à apporter une dernière note de style à l’ensemble. La splendeur de cette église de La Porta s’interprète presque comme la victoire et la grandeur de l’art baroque dans la Corse du XVIIe siècle.
Les illustres demeures de La Porta, richesse du passé
En parcourant les rues de La Porta, essayez de localiser l’emplacement de l’ancienne gendarmerie impériale. Ici, autour d’un fucone, feu alimenté par les bûches de châtaigniers, l’histoire des hommes mériterait d’être partagée. La Porta reste un symbole local en tant que patrie de Horace Sébastiani, qui fut ministre, ambassadeur puis maréchal de France sous le règne de Louis-Philippe. Certains locaux pourraient certainement vous raconter l’histoire du docteur Henri Conneau, qui fut le médecin personnel de l’empereur Napoléon III. Et de bien d’autres familles encore, des Vittini aux Pompéi en passant par les œuvres du peintre Joseph Giordani. Au-delà des belles demeures de ces personnages illustres, bien d’autres témoins architecturaux subsistent à La Porta. Il s’agit de la chapelle de la confrérie Saint-Sébastien, des fontaines et séchoirs à châtaignes et des autres chapelles funéraires. Nul doute que La Porta procure aujourd’hui une belle qualité de vie à ses 180 habitants aujourd’hui. Et il en va de même des touristes qui font le choix de la Castagniccia pour leurs vacances estivales.
Les châtaigneraies de La Porta
Partout en Corse de moyenne altitude, les châtaigniers semblent avoir trouvé un domicile naturel favorable à leur croissance. Les premiers châtaigniers de l’île dateraient du XIIIe siècle. Entre le XVIe et le XVIIIe siècle, les Génois, qui contrôlent la Corse, accélèrent la plantation de châtaigniers. Et c’est là que se trouvent les origines de la prospérité de la Castagniccia. Il faudra attendre le XIXe siècle pour obtenir de hauts rendements. On commence alors à utiliser la châtaigne locale pour produire de la farine. Le bois, quant à lui, entre dans la fabrication industrielle locale de tanins. Depuis, les châtaigniers restent un emblème indissociable de l’image de la Castagniccia.