Dans la maison Picassiette, la conception traditionnelle de l’art vole en éclats. Au sens propre comme au sens figuré, car ce sont les débris et fragments qui donnent vie et forme à ce lieu unique en son genre. Partez sur les traces du mystérieux Raymond Isidore et de son art en héritage !
Mais qui est Raymond Isidore ?
Raymond Isidore est un personnage pour le moins énigmatique. Il a bel et bien existé puisqu’il est le brillant créateur de la maison Picassiette ! Cantonnier originaire de Chartres, il devient propriétaire d’un terrain nu à la fin des années 1920. Il a dans l’idée d’y construire une petite maison. Son projet est modeste : vivre paisiblement avec sa famille. Mais l’art s’invite sur le site ! À partir de 1938, le cantonnier reconverti en artiste se met à collectionner les débris de verre. Porcelaine cassée ou vaisselle brisée, tout ce qu’il trouve sur son chemin est bon à prendre. Puis, en rassemblant les plus beaux fragments de sa collection, il décide de créer une mosaïque pour sa maison. Rapidement, sa passion pour l’art devient hors de contrôle. Ce qui devait être une simple mosaïque finit par recouvrir la maison entière. Du sol au plafond en passant par les murs et les meubles, la créativité élit domicile dans la maison Picassiette. Les visiteurs ne tardent pas à se montrer intéressés par cette œuvre surprenante.
La maison Picassiette ou la passion des débris
Entre 1938 et 1962, on estime que Raymond Isidore aurait manipulé un total de 15 tonnes de débris. Les fragments se comptent par millions. En plus de sa maison, l’artiste est à l’origine d’une chapelle en mosaïques qui date des années 1950. Fidèle à l’imagerie religieuse classique, cette autre création montre les multiples talents de Raymond Isidore. Dans le Jardin du Paradis, des sculptures naïves attendent les visiteurs. Raymond Isidore maîtrisait à la perfection les codes de son art. La religion jouait un rôle vraiment important pour l’artiste. Le Tombeau de l’Esprit, sa dernière réalisation, prend la forme d’un tombeau bleu où les mosaïques religieuses sont visibles partout.
Une fin malheureuse pour Raymond Isidore
Alors que les premiers visiteurs se pressent pour admirer l’œuvre de Raymond Isidore, l’artiste est en proie à son premier épisode psychotique. Il doit être interné pour plusieurs mois dans un hôpital psychiatrique. Et il ne sera plus jamais pareil. Ce n’est pas le succès et les visites qui l’intéressent, ni même l’argent, mais bien cet attrait tout à fait désintéressé pour l’art. En 1962, après 24 ans d’une passion dévorante, l’artiste achève son œuvre. Il meurt deux ans plus tard, après une autre crise de démence. Considérée comme un chef-d’œuvre absolu de l’Art Brut, la maison Picassiette honore sa mémoire. En 1983, le site est classé monument historique. En 2017, il est élu Patrimoine du XXe siècle. La maison Picassiette a encore de longues années devant elle et tant de générations à fasciner et à émerveiller. Le voyage initié par le talent brut de Raymond Isidore n’est pas tout à fait inachevé tant qu’il y a des yeux nouveaux pour l’admirer.