Nous sommes au cœur de Paris, près du parc Montsouris. On y trouve l’un des cinq plus grands réservoirs d’eau de la capitale. La construction commence en 1869 et demandera cinq ans. Découvrons ensemble les particularités de ce site pas comme les autres.
La cathédrale inondée
C’est l’ingénieur Eugène Belgrand qui est à l’initiative du projet au XIXe siècle. L’objectif était d’améliorer la qualité de l’eau utilisée au quotidien par les habitants de la capitale. C’est la Seine qui fournit la plupart de cette eau. Or, à l’époque, l’eau du fleuve commence de plus en plus à ne plus être adaptée à la consommation humaine. Il faut chercher des sources plus éloignées. Comme dans la région de Sens, dans l’Yonne. Pour ce faire, un aqueduc de 156 kilomètres est nécessaire. C’est l’aqueduc de la Vanne, qui repose seulement sur la force gravitaire, sans aucune autre forme d’énergie. Aux fondements de ce réservoir, véritable cathédrale inondée sous terre, on trouve des carrières souterraines. On imaginerait bien un film se dérouler dans ce décor impressionnant. Cela rappelle un peu la citerne basilique d’Istanbul. Ici, le but n’était pourtant pas d’impressionner. Il s’agissait tout simplement de pouvoir répondre à des besoins pratiques et modernes. Les Parisiens peuvent toujours compter sur la ferveur de cette cathédrale sous terre pour les fournir en eau.
200 000 mètres cubes d’eau potable
La charge à soutenir est colossale. Au total, 1 800 piliers maçonnés forment des arcs taillés à même la roche. Ce sont eux qui donnent cette impression de cathédrale à l’ensemble. Pour ceux qui ont la chance de s’aventurer sous terre, le spectacle est magnifique. Non seulement en raison des piliers et des arcs qui rendent le lieu grandiose. Mais aussi en raison du contraste saisissant qu’offre l’eau de source avec sa belle couleur bleu lagon. Malheureusement, rares sont ceux qui peuvent se vanter d’avoir vu ce décor de leurs propres yeux. Car l’accès du site est interdit au public. Aujourd’hui encore, le réservoir de Montsouris représente à lui seul 20 % de la totalité de l’eau consommée par les Parisiens. C’est dire l’importance du lieu, bien loin d’être un seul symbole !
Les leçons précieuses des truitomètres
De nos jours, trois aqueducs se chargent de l’alimentation du réservoir de Montsouris. Les aqueducs du Loing, de la Voulzie et du Lunain. Dans le lanternon principal du réservoir, les eaux se jettent dans deux grandes cuvettes. Elles se répartissent ensuite dans plusieurs compartiments sous terre. Certains aquariums sont toujours visibles. Il n’y a pas si longtemps, ils accueillaient encore des truites. Il suffisait alors de surveiller l’état des poissons pour juger de la qualité de l’eau. Ce sont les fameux truitomètres, comme on les appelait alors. Des spectateurs bien sages qui n’avaient sans doute pas conscience de la beauté du lieu où ils résidaient. Cette pratique fut définitivement abandonnée en 1996. Depuis, des techniques bien plus modernes permettent d’évaluer la qualité de l’eau sans avoir à reposer sur l’étude des poissons.