La commune de La Turbie cache un trésor, un trophée même : c’est le Trophée d’Auguste. Nous sommes face à la mer, à 5 000 mètres d’altitude. Plongez avec nous dans deux millénaires d’histoire pour découvrir les secrets antiques de ce monument impérial.
Gloire à l’empereur Auguste !
Nichée sur son promontoire rocheux, la commune de La Turbie est en apparence une collectivité sans prétention du sud de la France. Le point de vue sur la principauté de Monaco, non loin de là, est pourtant à couper le souffle. Et il y a mieux encore, c’est le Trophée d’Auguste. Renfermant plus de 2 000 ans d’histoire, il date de 7 ou 6 avant notre ère. Le monument rend hommage à la victoire d’Auguste, empereur romain, dans les Alpes. Entre 25 et 14 avant notre ère, l’empereur confirme son contrôle du territoire. Véritable tradition à l’époque, les trophées célébraient des victoires politiques et militaires tout en honorant les dieux. Un symbole mythologique et historique rare car très peu de ces trophées ont pu être préservés au fil des siècles. C’est grâce à la volonté de la région et aux efforts de restauration que le monument est toujours debout.
Les origines de la rotonde des Alpes-Maritimes
Lorsqu’il est érigé il y a plus de 2 000 ans, le monument était une rotonde comprenant 24 colonnes. À son sommet, à 49 mètres de hauteur, une statue monumentale de l’empereur Auguste domine les environs. Un emblème fort pour marquer la domination territoriale des Alpes par les Romains. Au Moyen ge, le bâtiment se reconvertit en forteresse. Au XVIIIe siècle, il est en partie détruit. Son destin aurait pu rester celui d’une carrière de pierres. Des pierres qui servirent d’ailleurs à construire l’église de la commune. 1865 est une année charnière qui change la donne en classant le trophée au titre des monuments historiques. Les vestiges sont sauvés. Il faut attendre le début des années 1930 pour assister aux prémices d’une campagne de restauration. Edward Tuck, philanthrope américain, participe au financement de ce noble projet. Grâce à cela, 2 000 ans après la construction d’origine, le monument continue à profiter de ce site de prestige pour rayonner.
Dédicace et monument
La façade ouest du trophée a de quoi interpeller. Jules Formigé a pu reconstituer une inscription en se basant sur des textes du Ier siècle de Pline l’Ancien. Cette dédicace n’est rien d’autre qu’un hommage à l’empereur, mais aussi au peuple et au Sénat de Rome. Comme le précise le texte, « tous les peuples alpins qui s’étendaient de la mer Supérieure jusqu’à la mer inférieure ont été soumis au pouvoir du Peuple romain ». Le message est fort, l’intention de le conserver aussi. Une déclaration historique suivie des noms des 45 peuplades des Alpes battues par le pouvoir romain. Prévoir une visite de La Turbie permet de comprendre et ne pas oublier l’héritage antique de la région. Façonnées par les nombreuses influences du passé, les Alpes-Maritimes ont choisi d’honorer la période romaine en conservant et préservant ce trophée unique.